Dernier jour au Centre Pompidou de la superbe exposition consacrée au peintre belge, figure majeure de l'art moderne.

Magritte(1898-1967) nous propose une nouvelle appréhension du réel : ses images deviennent quasiment des mots et portent des pensées quasi philosophiques. Bien sûr il peint des énigmes, compose des rébus, imagine la rencontre saugrenue d'objets apparemment étrangers l'un à l'autre, ce qui stimule l'esprit. Et toujours avec un style méticuleux aux couleurs froides. On pense souvent à Dali.

En illustration mon tableau préféré : "les Amants", 1928, huile sur toile, the Museum of Modern Art, New York.

Il s'agit, on le voit, de deux visages moulés dans des linges et qui s'embrassent.

Sigmund Freud a décrit comment l'inconscient élabore des "souvenirs écrans" destinés à dissimuler au sujet lui-même ses peurs ou ses fantasmes. Les voiles anodins qui couvrent la tête de ces sujets ont été rapportés au pan de robe qui recouvrait le visage de la mère de Magritte, Regina, lorsqu'on la sortit de la Sambre où elle s'était jetée. L'image impossible se cache ainsi derrière un écran, celui de la toile, qui dessine l'empreinte du visage absent..

Magritte pourtant refusait d'associer cette image au suicide de sa mère quand il avait douze ans, niant toute approche psychanalytique et réfutant la puissance de l'inconscient. Il se voulait lucide, "rêveur éveillé".