Le douzième long-métrage du cinéaste et musicien américain Jim Jarmusch

Paterson vit à Paterson, New Jersey. Chauffeur de bus d'une trentaine d'années, il mène une vie règlée aux côtés de Laura qui multiplie projets ou expériences culinaires et artistiques avec enthousiasme et de Marvin, son bouledogue anglais. Chaque jour Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas.

On retrouve tout le talent de Jarmusch dans la description des petites gens et la poésie des petits riens, de la routine quotidienne qui peut être sublimée d'un coup par une touche artistique ou littéraire. Alors évidemment, exprimés sur 2 h, certains moments, répétitifs, où il ne se passe pas grand chose peuvent sembler monotones et ennuyeux. Mais c'est effectivement joliment fait avec une grande pureté minimaliste teintée d'indolence. On pourrait parler d'un vrai film zen et esthétique qui fait transpirer la poésie dans chaque recoin de la banalité de la vie avec une vraie apologie de la vacuité mais aussi une grande bienveillance...Vous me suivez ? Sur un scénario quasi inexistant, c'est le parti pris de l'auteur, le moindre évènement imprévu devient un pseudo coup de théatre mais traité de manière anti-spectaculaire, comme si toute action nuisant à la cohérence apaisante de ce film particulièrement serein devait être évitée : Jarmusch suggère que le chien de race devrait être volé, mais il ne le sera pas, un pistolet menaçant n'est qu'un faux... J'ai été sensible à cette poésie des petits riens plus qu'aux textes maladroits, insignifiants et sans rime écrits par Paterson...ils servent d'hommage à ceux de William Carlos Williams le poète et romancier américain auteur de "Paterson" et souvent évoqué ici. Du coup le film tourne un peu à l'exercice de style. Adam Driver et Golshifteh Farahani sont parfaits. Ils forment un couple tendre et attachant qui ne se pose pas de questions....un petit bonheur dans une ambiance bluesy.