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L'Arbre du pays Toraja de Philippe Claudel

Publié le 20/10/2017 à 14:45 par aufildejb Tags : monde film vie sur amour extrait roman livre mort histoire coeur chez belle voyage enfants douceur
L'Arbre du pays Toraja de Philippe Claudel

Né en 1962, Lorrain, Philippe Claudel, écrivain traduit dans le monde entier, est aussi un cinéaste. Il a réalisé 4 films dont le meilleur, César du meilleur premier film, est " Il y a longtemps que je t'aime". Romancier, novelliste et dramaturge il a obtenu en 2003 le prix Renaudot pour ce que je considère comme son chef d'oeuvre à l'heure actuelle, "les Ames grises". Il est membre de l'Académie Goncourt.

" Un cinéaste au mitan de sa vie perd son meilleur ami. Cette disparition l'amène à plonger en lui-même et à réfléchir sur la place que les absents occupent dans notre existence. Entre présent et passé, dans la mémoire des visages chers et l'éblouissement d'un nouvel amour, "L'Arbre du Pays Toraja " célèbre sensuellement les promesses de la vie."(extrait du quatrième de couverture)

Plus qu'un roman, ce court ouvrage de 209 pages en Livre de Poche est une méditation sur la vie, la mort et l'amour. Il peut parfois déconcerter le lecteur s'il attend une histoire construite et linéaire. C'est plus écrit comme un scénario de film intimiste avec des flashes back, des zooms, des gros plans...et aussi des digressions(on croise Milan Kundera, on rencontre Michel Piccoli...). L'auteur le décrit lui-même comme " un récit libre dans sa forme, dans son agencement et son déroulé". Si le thème de la mort et sa place dans l'esprit et le coeur des vivants, est central, il n'en fait pas une oeuvre triste , les pulsions de vie y sont plus fortes. L'écriture, comme d'habitude chez Philippe Claudel est belle et soutient avec peu d'effets l'émotion. On est dans la douceur, la délicatesse.

Le titre du roman est expliqué  au début de l'ouvrage. Il renvoie à un voyage effectué par l'auteur sur l'île de Sulawesi, chez les Toraja, connus pour leurs partiques funéraires étonnantes. Voici un extrait :

" Près d'un village du pays Toraja situé dans une clairière, on m'a fait voir un arbre particulier. Remarquable et majestueux, il se dresse dans la forêt à quelques centaines de mètres en contrebas des maisons. C'est une sépulture réservée aux très jeunes enfants venant à mourir au cours des premiers mois. Une cavité est sculptée à même le tronc de l'arbre. On y dépose le petit mort emmaillotté d'un linceul. On ferme la tombe ligneuse par un entrelacs de branchages et de tissus. Au fil des ans, lentement, la chair de l'arbre se referme, gardant le corps de l'enfant dans son grand corps à lui, sous son écorce ressoudée. Alors peu à peu commence le voyage qui le fait monter vers les cieux, au rythme patient de la croissance de l'arbre.

Nous enterrons nos morts. Nous les brûlons aussi. Jamais nous n'aurions songé à les confier aux arbres. Pourtant nous ne manquons ni de forêts ni d'imaginaire. Mais nos croyances sont devenues creuses et sans écho. Nous perpétuons des rituels que la plupart d'entre nous seraient bien en peine d'expliquer. Dans notre monde, nous gommons la présence de la mort. Les Toraja en font le point focal du leur. Qui donc est dans le vrai ?"

4 pépites pour cet ouvrage touchant qui donne à réfléchir.