Un thriller sous-marinier mais aussi une fiction géopolitique d'Antonin Baudry, un ancien diplomate et un scénariste("Quai d'Orsay" en BD et en film) qui réalise ici son premier long-métrage.

"Un jeune homme a le don rare de reconnaître chaque son qu'il entend. A bord d'un sous-marin nucléaire français, tout repose sur lui, "l'Oreille d'or". Réputé infaillible, il commet pourtant une erreur qui met l'équipage en danger de mort. Il veut retrouver la confiance de ses camarades mais sa quête les entraîne dans une situation encore plus dramatique. Dans le monde de la dissuasion nucléaire et de la désinformation, ils se retrouvent tous pris au piège d'un engrenage incontrôlable".

Les films de sous-marins, dont je suis accro, sont très rares dans l'histoire du cinéma français. C'est sans doute le troisième seulement. Et on peut être fier de la qualité de la production et de l'ambition portée par ce film vraiment excellent.

Le suspense est haletant...un vrai thriller sous haute tension qui vous met en apnée durant 2 h. L'ambiance, anxiogène, est soutenue par une grande exactitude technique, un réalisme qui va jusqu'au sens du détail, tel le jargon technique utilisés par les équipages des sous-marins. Cet aspect documentaire est en lui-même passionnant. La mise en scène est superbe avec une image magnifique et un son qui est un élément majeur du film, un personnage à part entière. Le monde du silence est finalement très bruyant et dans un sous-marin qui est une machine aveugle, le rôle de "l'Oreille d'or", chargée d'analyser les bruits naturels ou artificiels de l'océan pour repérer l'ennemi s'avère vital. Ce son peut être "le chant du loup", qui désigne dans le jargon du métier le bruit d'un sonar qui plonge et repère la position de votre sous-marin...mauvais présage. L'acteur François Civil assume ici ce rôle de manière époustouflante. Eblouissant à tous points de vue, jouant très juste, qui plus est. C'est le grand acteur français des prochaines années. Il étouffe complètement les "stars" utilisées à contre-emploi et qui auraient dû etre remplacées : Omar Sy, en commandant de sous-marin, cela frôle le gag, Reda Kateb est pour une fois pas très bon et Mathieu Kassovitz plutôt pénible...Globalement la psychologie des personnages n'est malgré tout pas sabordée.

Un grand moment de cinéma qui fait très plaisir et qui fait aussi réfléchir sur la dissuasion nucléaire.